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Sarkozy, au fond à droite


Par GRÉGOIRE BISEAU, envoyé spécial à Bordeaux

A 50 jours du premier jour, Nicolas Sarkozy maintient le cap : à droite toute. A Bordeaux, pour sa cinquième réunion publique depuis son entrée en campagne, le Président candidat a déroulé devant près de 8 mille militants, un nouveau discours sur les «valeurs» de la République.

L'occasion pour lui d'aborder en un peu moins d'une heure: l'école de «l'exigence, de la rigueur, de l'autorité», l'identité nationale, «l'autorité de la loi», et l'immigration. Deux jours après avoir été hué, par plusieurs centaines de personnes dans les rues de Bayonne, Nicolas Sarkozy, accompagné de Carla Bruni, a commencé son discours pour déplorer«ceux qui se sont joints aux séparatistes basques, petite minorité animée dune haine aveugle contre la France prête à tout ». Sans jamais citer explicitement le parti socialiste, mais en le ciblant en permanence, il a déclaré que «s'ils s'imaginent qu'ils vont gagner par la violence et par l'intimidation. Ils se trompent». Et de lancer sous forme de défi : «Ils ne veulent pas qu'il y ait de campagne? Faites moi confiance, il y a aura une campagne et une sacré campagne. Personne ne volera cette élection aux Français.»

Dans la foulée de la polémique née des déclarations de son fidèle ministre de l'intérieur, Claude Guéant, qui avait déclaré vendredi soir qu'accorder le droit de vote aux étrangers pourrait conduire à ce qu'on « rende obligatoire la nourriture halal », le candidat UMP lui a (une fois de plus) donné raison. Sans apporter le moindre bémol. De forme ou de fond.

«Donner le droit de vote aux étrangers, c'est ouvrir la voie au vote communautaire. C'est mettre le maire sous la menace du chantage communautaire», a-t-il déclaré. «Reconnaissons à chacun le droit de savoir ce qu'il mange, halal ou non. Je souhaite l'étiquetage des viandes en fonction des méthodes d'abattage ». Comme en écho à la précédente polémique de Guéant sur «les inégalités entre civilisations», le chef de l'Etat s'est offert un long dégagement pour affirmer ses valeurs.

«Il faut considérer nos jours fériés, la place qu'occupent nos villages et dans nos villes les clochers de nos églises et les tours de nos cathédrales, nos habitudes alimentaires notre conception de la morale, non comme des faits religieux, mais comme des faits de civilisation. La civilisation de la République Française.» Il a en profité pour rappeler qu'il fixerait des conditions au regroupement familial et aux visas d'entrée à la suite d'un mariage avec un Français. «On ne peut pas être les bienvenus en France si la seule justification de sa volonté c'est d'obtenir des prestations sociales », a-t-il professé.

Et devançant les probables critiques socialistes, il assure n'avoir «aucune leçon à recevoir de ceux qui ont tellement exploité les extrémismes pour leurs propres intérêts électoraux». Pour conclure sous les applaudissements d'une salle recouverte de drapeaux bleu blanc rouge. «Quand on a perdu la vote populaire, on veut gagner le vote communautaire »

Contre le «vote communautaire»

En matière de justice, le candidat de l'UMP a fait quelques propositions. D'abord un prisonnier ne pourra pas «bénéficier d'une mise en liberté conditionnelle avant qu'il ait effectué au moins les deux tiers de sa peine ». Ensuite il souhaite revenir sur l'inexécution des peines inférieures à deux ans et étendre les jurys populaires à la mise en détention provisoire et à l'application des peines. Enfin, il a annoncé vouloir ouvrir le chantier de la réforme de la justice des mineurs en proposant notamment que «l'obligation de réparer le dommage causé soit une priorité de la politique pénale des mineurs ».

A la fin de son discours, le Président candidat n' a pas pu s'empêcher de revenir sur la proposition de François Hollande de taxer à 75% les ultra riches qui gagnent plus d'un million d'euros par an.  «La morale de la République ce n'est pas de matraquer fiscalement les classes moyennes parce que l'on pas le courage de réduire les dépenses pour ne contrarier aucune clientèle». Et d'énumérer : « les clientèles des syndicats d'enseignants, la clientèle des communautés, la clientèle des syndicats...». Sous les hourras de la salle remontée à bloc.

 

 



02/02/2014
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