Archives du Colibri (1)

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Les contre-vérités présidentielles sont-elles volontaires?

 

 

 

Il y avait dans la conférence de presse du président Sarkozy plus de substance que d'habitude. Admettre la nécessité d'une vraie austérité et le surendettement de la France n'était pas facile d'autant plus qu'il refusait d'accepter qu'il est responsable d'une hausse de l'endettement d'environ 500 milliards d'euros, soit près de 50 %. S'il a admis avec sobriété la gravité de la situation, il n'a pas accepté les conséquences de ce diagnostic et s'est dérobé aux questions des journalistes qui ont - en vain - essayé d'extraire des décisions concrètes et un calendrier.

Cet aspect positif ne permet cependant pas de prendre des libertés avec la vérité. J'ai relevé une douzaine de contre-vérités :

  1. La dette de la Grèce n’est pas passée de 240 à 120 milliards d'euros, mais de 340 à 330 milliards d’euros. L'amélioration de 100 milliards de la dette grecque est une fiction. Il s'agit d'un echange d'obligations grecques.
  2. Il n’y a pas d’effacement de la dette grecque, mais un effort des banques correspondant à 16 milliards d’euros, soit 50 % de leurs encours.
  3. Les banques n’ont jamais eu  200 milliards d’obligations grecques mais 32 et, si l'on ajoute les 49 milliards des banques grecques qui seront nationalisées, un total de 81. Les banques grecques ne participent pas a l'effort commun : ce serait provoquer leur faillite.
  4. L’euro ne risquait pas d’exploser mercredi soir, la Grèce risquait le défaut de paiement. Il ne faut pas confonfre la devise et l'endettement.
  5. Cela n’a pas coûté 100 milliards aux banques, mais 16 milliards, non pas par un abandon de créances, mais par un étalement de la dette sur une période de 30 ans.
  6.  Il n’y a aucune connexion entre cette crise de l’endettement public et celle de la finance en 2008. Ici, les responsables sont politiques. On se demande pourquoi les sacrifices des banques ne sont pas étendus au secteur public qui détient, lui, environ 160 milliards de la dette grecque.
  7. Les banques françaises ne sont pas les plus fortes d’Europe : leur notation a baissé récemment et leur fragilité est préoccupante.
  8. La France n’est pas le seul pays au monde qui ait eu des revenus de ses avances lors de la crise : c'est le cas de la plupart des pays prêteurs, et principalement des Etats-Unis.
  9. Toutes les interventions de la France n’ont pas encore été restituées : l'Etat Francais a investi (sans droit de vote) dans la BNP Paribas à hauteur de 17 % de son capital et est toujours actionnaire.
  10. Le système de sécurité sociale en France ne peut garantir les paiements des avantages sociaux à la population : il a besoin de contributions budgétaires chaque année.
  11. La hausse du montant du FESF ne se fait pas sans une contribution des Etats membres puisqu'ils garantissent les emprunts. Dans ce contexte, le quota de la France atteindrait 200 milliards qui alourdiront l'endettement de la France.
  12. Le président chinois Hu Jin Tao n'a pas appelé Nicolas Sarkozy pour exprimer son désir de participer au FESF. C'est le Président Sarkozy qui a sollicité l'intervention de la Chine.

Ce genre de contre-vérités est à l'origine de l'engouement des Bourses sur le secteur bancaire. Une fois l'euphorie passée, le soufflé va retomber. Reste la substance des problèmes auxquels il est urgent de s'atteler. La prime de risque (CDS) sur les obligations grecques à 5 ans est de 35 %. Le sommet n'a pas passé le test de la crédibilité. C'est dommage.

 

 

 



01/02/2014
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