Archives du Colibri (1)

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Sarkozy décroche, dérape, dévie.


Il avait l'habitude de voyager dans une France fictive. Depuis quelques désagréables manifestations lors de sa première tournée des voeux, en janvier 2008, Nicolas Sarkozy ne circulait que dans des zones bouclées par des cohortes de gendarmes ou CRS, à l'assistance choisie et silencieuse. Parfois, quand il visitait un chantier, une école ou une usine, il s'entouraient de figurants. Devenu candidat, il s'était risqué à quelques meetings, là encore, et évidemment, devant des militants UMP.

 

252ème semaine de Sarkofrance: Sarkozy décroche, dérape, dévie.


Cette semaine, Nicolas Sarkozy enchaîna les déconvenues pour terminer la semaine sous les huées, à Bayonne, lors d'un déplacement que le maire du coin lui avait pourtant déconseillé. 

Lundi, le candidat sortant était sur RTL, presque trop tôt. Ce devait être sa semaine, celle où les fameuses courbes sondagières allaient se croiser. Il allait défoncer François Hollande. Il avait des idées à proposer sur l'Education, 24 heures avant son grand meeting. Mais il se trompa. Il raconta n'importe quoi sur le nombre d'enseignants. Sa langue avait « fourché », s'empressèrent d'expliquer ses communicants. Fichtre ! 

Il attaqua aussi Valérie Trierweiler, la compagne de François Hollande, et l'un des patrons du Monde, Mathieu Pigasse, pour mieux faire oublier combien il avait été le Président des Riches: « C'est moi qui suis l'ami de (..) de M. Pigasse, richissime, mettant l'ensemble de ses moyens au service de M. Strauss Kahn d'abord, puis de M. Hollande?» Puis: « est-ce moi qui travaille dans le groupe de M. Bolloré ? » Il n'était pas candidat, ni même président. Il n'était qu'hargneux. 

En fait de propositions, nous fûmes déçus, il commença à répéter ses discours de ... 2007. Il fallait « revaloriser d'urgence la fonction enseignante ». Sans rire ? Sur le référendum, sa seule « grande » idée depuis 15 jours, il n'en voulait pas pour les sujets sérieux comme le nouveau traité européen. « Trop compliqué »... Cet homme-là a une conception très particulière de la démocratie participative. 

Il ne s'excusa pas sur Gandrange, « les promesses ont été tenues ». Il voulait contre-attaquer sur Florange, où les 5.000 salariés risquaient le licenciement définitif depuis qu'Arcellor-Mittal (encore lui) avait décidé de fermer « temporairement » mais pour l'année le haut-fourneau. Hollande y avait promis une loi pour forcer la vente d'établissements abandonnés par des multinationales peu précautionneuses. Sarkozy bafouilla qu'il devait convaincre la Commission européenne de retenir un projet français de captage-stockage de CO2 qui pourrait sauver le site. 

Mardi, c'était la rage. Le candidat socialiste avait encore bousculé la campagne millimétrée du président sortant. Il avait proposé, la veille à la télévision, la création d'une tranche d'imposition à 75% pour les revenus annuels au-delà de un million d'euros.  « impôt spoliateur » (Carrez), « fuite en avant fiscale » (Juppé), « racisme financier » (Séguéla), « folie fiscale » (Sarkozy). Ces gens-là n'avaient pas compris la rage du plus grand nombre. Ils tentèrent de convoquer les stars du foot à leur cause.  

On avait beau répéter, chiffres à l'appui, que la France était le pays européen où les très riches étaient les moins taxés, où le taux moyen de prélèvement fiscal des 0,01% de foyers les plus aisés (3.523 en 2009, avec plus de 1 million d'euros de revenu fiscal) n'était que de ... 17,5%, rien n'y faisait. Le Président des Riches était sorti de ses gonds. 

 



02/02/2014
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